El dia de los muertos dans la communauté Tzotzile de San Juan Chamula dans les Chiapas au Mexique
A la rencontre de la communauté Tzotzile… |
Un évènement au Mexique !
Inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2008, cette tradition connait depuis quelques années un essor international.
Qui n’a pas vu partout dans le monde pour Halloween des personnes maquillées en squelette vivant ou avec des couronnes de fleurs ? Et pourtant, le jour des morts au Mexique n’est pas Halloween puisqu’il s’agit du 2 novembre et non du 31 octobre même si, c’est vrai, les festivités commencent, selon les régions, plusieurs jours avant.
Qui n’a pas vu partout dans le monde pour Halloween des personnes maquillées en squelette vivant ou avec des couronnes de fleurs ? Et pourtant, le jour des morts au Mexique n’est pas Halloween puisqu’il s’agit du 2 novembre et non du 31 octobre même si, c’est vrai, les festivités commencent, selon les régions, plusieurs jours avant.
Jour des Morts à San Cristobal De Las Casas au Mexique |
Jour des Morts à San Cristobal De Las Casas au Mexique |
Loin de cette liesse populaire, disons-le, devenue très médiatique, nous avons décidé de passer cette période dans les Chiapas : une région plus pauvre que les autres et qui voit passer moins de touristes, malgré les beautés qu’elle abrite. Nous nous retrouvons donc en terre Tzotzile, à San Juan de Chamula, un village indien proche de San Cristobal de las Casas ou cette fête est vécue autrement.
Petit tour sur le marché
Commençons par un tour au marché du village : là est l’animation ! Le village est petit mais le marché est grand ! Il y a de la vie, de la bonne humeur dans cette rue bondée d’étales toutes plus remplies les unes que les autres : fruits, légumes, fleurs, objets de tous les jours, et un peu d’artisanat pour les quelques touristes qui s’aventurent par-là ! Nous comprendrons par la suite que c’est aussi ici que l’on trouve tout le nécessaire pour fêter le jour des morts. |
le marché de San Juan de Chamula |
Petit tour au cimetière
Qui dit jour des morts dit morts, et donc tombes. Direction donc le cimetière, pour un contraste saisissant.
San Juan de Chamula abrite une vieille église et un cimetière ou les indiens tzotziles des alentours viennent célébrer à leur manière ce jour si particulier : ici pas de maquillage, de foule ou de musique. L’endroit est calme, tranquille, les familles viennent célébrer la tradition sans excitation, mais avec le sourire aux lèvres et la bonne humeur sur leurs visages.
De ce qu’on peut voir ailleurs, ici on retrouve les fleurs et les couleurs. Chaque tombe en est recouverte et prend littéralement vie. Les familles passent beaucoup de temps à disposer un lit d’une sorte d’herbe et à arranger les tombes avant de les fleurir. La tradition veut également que l’on apporte au défunt des présents qu’il aimait : du coca-cola, ou de la bière par exemple, alors que pour d’autres ce sera des cigarettes ! (ce qui, ironie du sort, l’a peut être conduit ici).
Des offrandes sur des tombes |
Une tombe du cimetière |
Des croyances anciennes et encore bien ancrées
L’église du village de San Juan de Chamula |
Les photos ne sont pas faciles à prendre car cette croyance qui considère qu’être pris en photo revient à se faire voler son âme est encore bien vivace. C’est pourquoi il n’y aura aucune photo des cérémonies. Une forme de respect nécessaire bien que frustrante pour nous…
Nous étions présents le 1er novembre tôt le matin, afin de saisir l’ambiance des lieux. Convaincus, nous sommes revenus pour le lever du soleil le lendemain, el dia de los muertos, le jour des morts. Être présents dès les premières lueurs du jour nous a permis d’assister à des scènes authentiques, les familles se rendant au cimetière avant que la température ne monte. Ce matin-là, une brume épaisse donnait une ambiance extrêmement particulière (et extrêmement difficile à rendre en photo), presque intimiste : nous étions privilégiés d’être ici, ce jour-là, en présence de ces personnes.
|
Une silhouette au petit matin dans le cimetière |
Les familles ne viennent pas que fleurir les tombes et déposer des offrandes, elles passent également du temps à se recueillir, se lamenter et pleurer. Ces lamentations peuvent sembler factices surtout quand elles sont ponctuées d’une gorgée de coca-cola entre deux complaintes, mais l’on ressent malgré tout une pensée profonde pour ceux qui sont partis. Si la pose des offrandes est un moment convivial, presque festif, celui des pleurs est solennel et chargé en émotion.
Une veuve sur la tombe de son mari |
Une femme sur une tombe |
La Muerte…un paso a la vida
Ce fut pour nous un moment extraordinaire : en partant au Mexique à cette période, nous nous étions dit « Génial, on va pouvoir se maquiller, se déguiser, et faire la fête dans les rues » (notons ici que ça, finalement, nous l’avons fait un an plus tôt alors que nous étions en Nouvelle-Calédonie…!). Finalement, nous étions très loin de nous douter que nous allions vivre une expérience très différente, beaucoup plus sincère et authentique. Je garderai en mémoire ces images d’une vieille église en ruine dans la brume, entourée de tombes, de ces personnes dont on devine les silhouettes qui se recueillent, mais qui, lorsqu’on s’approche, sont ouvertes à nous expliquer leurs rituels ; à condition de garder une certaine retenue (en particulier dans la prise de clichés) et de leur montrer tout le respect qu’elles méritent en ne violant pas leur intimité. |
Un vieil homme dans le cimetière |
Ainsi nous apprendrons que déposer des offrandes ne sert pas uniquement à « faire plaisir » au défunt : c’est un moyen de communier avec lui car, pendant cette période, son âme revient visiter sa famille. Les familles boivent des sodas pour « éructer » plus facilement, une manière de se purifier en quelque sorte, et ainsi être apte à communier avec les esprits. On peut ensuite par exemple déposer une cigarette allumée sur la tombe du défunt, puis en fumer une partie « avec lui », ou bien partager une boisson en alternant une gorgée pour les vivants et une, versée sur le sol, pour les morts.
Des tombes fleuries pour le jour des morts |
El dia de los muertos est une fête des morts loin d’être triste, au contraire, on célèbre l’amour des êtres partis, on profite de la vie, et on se moque de la mort elle-même : la muerte es un paso a la vida dit-on au Mexique.
La mort n’est qu’un passage, une étape, et non pas une fin.